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Environnements de vie à adapter

À Québec, le vieillissement de la population représentera un défi pour les architectes et les designers urbains

La population du Québec vieillit. Selon le recensement fédéral de 2011, cette province serait la plus vieille au Canada. Son profil démographique ressemblerait beaucoup à celui du Japon ou de l’Italie.

«La tranche d’âge la plus populeuse au Québec est celle du début de la cinquantaine, indique la professeure d’architecture Carole Després. Cela veut dire que dans 20 ans, la pyramide d’âge, dans cette province, sera complètement inversée. La cohorte des baby-boomers, née après la Seconde Guerre mondiale et représentant le groupe d’âge le plus important, aura atteint 65 ans, et les 80 ans et plus auront plus que doublé.»

Le jeudi 17 mars au pavillon Félix-Antoine-Savard, la professeure Després fera un exposé sur le thème «Formes urbaines et vieillissement: défis et enjeux». Sa communication portera sur la ville de Québec, une agglomération particulièrement représentative du phénomène de vieillissement. Elle rappelle qu’en 2011, 18,2% de la population de la capitale était âgée de 65 ans et plus. «Dans certains quartiers, dit-elle, ce pourcentage monte à 40%.»

Carole Després est codirectrice du Groupe interdisciplinaire de recherche sur les banlieues. Depuis plusieurs années, cette équipe de chercheurs étudie l’évolution de la population de la région de Québec. Ils se sont notamment penchés sur la mobilité des aînés en banlieue. «Qu’arrivera-t-il, demande-t-elle, lorsque ces aînés perdront leur permis de conduire à cause de leur âge avancé? Les autorités devront rendre les transports en commun attrayants à des gens qui ne les ont jamais utilisés.» Plus important sera de tenir compte de ce que représente la résidence, le voisinage et la communauté pour un aîné de banlieue. «Nous avons interviewé quelques centaines d’entre eux, raconte-t-elle. Nous avons découvert, à l’instar de ce que l’on trouve aujourd’hui dans la littérature scientifique mondiale, que les gens veulent vieillir dans une continuité avec ce qu’ils ont connu. À Québec, une majorité de résidents vivent dans des maisons unifamiliales, principalement en banlieue.»

Selon la professeure, une majorité d’aînés feront le choix de vieillir chez eux plutôt que de déménager en ville. Elle ajoute que ceux aux prises avec des limitations physiques ou cognitives qui les obligeront à quitter leur maison choisiront de vieillir dans leur voisinage ou dans leur communauté. «Une majorité d’aînés, explique Carole Després, veulent vieillir en continuité avec des environnements de vie qui ont un lien avec leur identité, leurs liens sociaux et leur manière de vivre dans l’intimité.» Réfléchir à la façon d’adapter ces environnements à une éventuelle perte de mobilité représente tout un défi, affirme-t-elle. Le défi sera d’autant plus grand que les gens vieillissent à des rythmes différents et que leur vieillissement est influencé par de nombreux facteurs, notamment les capacités financières, les habitudes de vie et l’aménagement urbain.»

Différentes pistes de solution existent. L’une d’elles consisterait à adapter les maisons unifamiliales. «Ces maisons à Québec sont pas mal standard, indique la professeure, elles ont été construites durant la même période, après la Seconde Guerre mondiale. Il serait possible de modifier l’entrée, la cuisine et la salle de bain pour tenir compte des limitations des occupants.»

Souvent ces habitations ont une entrée de garage et une cour arrière. Il serait donc possible d’y ajouter un logis indépendant de petit volume, les aînés occupant ce logis et un des enfants prenant la maison. «L’idée, soutient Carole Després, est de promouvoir l’assistance mutuelle, la coopération et le partage de connaissances entre les générations.»

Une autre solution consisterait à bâtir, dans un stationnement d’immeuble à logements déjà existant, de petites habitations adaptées pour les aînés.

Selon Carole Després, il devient de plus en plus urgent de former les futurs architectes et designers urbains dans l’optique du vieillissement de la population. «Ces futurs professionnels, explique-t-elle, doivent être sensibilisés aux défis qui entourent l’habitation et la qualité de vie des aînés afin d’imaginer des solutions optimales pour eux.»

La conférence de Carole Després aura lieu le 17 mars, à 11h30, au local 1613 du pavillon Félix-Antoine-Savard. Pour information: [email protected] ou 656-2131, poste 15241.